Profs : Vous cherchez des idées (bienveillantes) pour remplir vos livrets et écrire des appréciations constructives ? Voici 5 astuces pour vous y aider.

  • Profs
  • 05 Novembre 2018
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Remplir ses premiers livrets, c'est vraiment une affaire d'état, surtout quand on débute ! C'est super difficile de coucher les mots justes par écrit. D'un côté, on s'engage à exprimer un état des lieux fidèle du "niveau" de l'élève, d'un autre, tout élève peut évoluer et ce qu'on va dire peut être caduc dans 2 semaines !

Sans compter qu'on se souvient encore des "appréciations" dans nos livrets... et que si on s'arrête 2 minutes pour y penser, elles imprègnent encore la façon dont on se voit et la valeur qu'on s'accorde encore aujourd'hui !

Alors, à défaut de formation à l'exercice, les questions fusent au moment de passer à l'acte, seul·e face à son clavier ou son papier !

Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir écrire ? 

Et d'abord, je m'adresse à qui ? aux parents ou à l'élève ?

Non, mais le·la pauvre, je peux pas écrire ça quand même ! ... je vais le décourager sur dix générations si je fais la liste de tout ce qui ne va pas !

Alors je parle de quoi ? Faut bien que je dise la vérité !

etc.

Ca n'a pas été confortable pour moi de prendre le parti d'écrire des appréciations encourageantes et bienveillantes, tout autant que sincères. Pas simple de sortir des sentiers battus et de refuser ces soi-disants innoffensives formules toutes faites (peut mieux faire, excellent, insuffisant...). Pas toujours compris par les parents qui avaient pris l'habitude des discours défaitistes et jugeants. Plus long et exigeant de se donner comme mission de refléter les potentiels et les réalisations de chaque enfant, et de remettre en cause les critères d'observation habituels, acceptés par tous.

Et puis, j'ai moi aussi reçu des livrets à la maison, en tant que maman. Qu'est-ce que j'ai apprécié les profs qui ont respecté et accompagné mes enfants dans les bons moments comme dans les mauvais, dans leurs zones d'excellence, comme dans leurs zones d'ombres ! Et tous ces constats factuels, ces conseils et persepctives, sur lesquels nous avons pu nous appuyer pour surmonter les obstacles dissimulés (dyslexie-dysorthographie, hypersensibilté...).

Même si je le savais grâce aux confidences d'amis qui ne se sont pas révélés à l'école et pensent encore à 40 ans qu'ils sont nuls, entretiennent des complexes inamovibles, ou encore en lisant des jugements de valeurs placardés froidement, à côté de la plaque et inutiles pour agir, c'est lors de la conférence du Dr Catherine Gueguen à laquelle j'ai assisté en juillet 2015 que je n'ai tout simplement plus réussi à supporter la persistance d'une pratique scientifiquement destructrice, en plus d'être inutile. Ca a été a été un tournant dans ma vie de rédactrice de livrets scolaires !

L'impact négatif des paroles blessantes et humiliantes sur la construction du cerveau (des enfants et des jeunes), révélé par les 20 dernières années de recherches internationales en neurosciences affectives et sociales devrait aujourd'hui être connu de tout prof ou examinateur. Les consignes du Dr Gueguen (et des résultats des recherches en neurosciences affectives et sociales depuis les années 2000) sont simples et claires : les relations avec nos élèves devraient être empathiques, chaleureuses et soutenantes, pour les aider à se développer (harmonieusement).

Ok, alors concrètement, comment on fait ?

C'est là que je vous propose 5 astuces qui peuvent guider votre plume (ou clavier !) la prochaine fois que vous rédigerez des appréciations pour les livrets de vos élèves.

 

Astuce #riguoureuse n°1 : Ne faites pas de suppositions !

Tout enfant est curieux et a envie de réussir. S'il n'y arrive pas, cherchons plutôt ce qui l'en empêche (nous y compris ! car des cours inintéressants et difficiles à mémoriser sont un sacré obstacle ! faut l'avouer !) plutôt que de supposer qu'il n'y met aucune volonté. Là encore, vous saurez reconnaître les mécanismes de protection et de déni pour continuer à exister socialement à défaut de pouvoir s'illustrer par une éclatante réussite scolaire.

 

Astuce #bienveillante n°2 : Commencez par souligner le positif, il y en a toujours !

Ce sont des conseillers pédagogiques et une formatrice de communication non violente, qui m'ont offert des retours constructifs et bienveillants, qui commençaient toujours par ce qu'il y avait de positif dans ce que j'avais fait, alors que je débutais et ne voyais que les erreurs ou les manques ! Ca m'a apporté un tel réconfort et ça m'a permis de me motiver à arroser les graines de réussite déjà présente.

Sur 39 ans d'études (je n'ai jamais arrêté depuis la maternelle), je n'ai vécu cela que quelques fois, mais ce sont les fois où j'ai développé le plus de talent et de persévérance.

C'est fou comme on peut inconsciemment se sentir coupable ou craindre d'être laxiste si on n'écrase pas de jugements et reproches un élève en cours d'apprentissage ! Alors essayez, c'est l'adopter, vous verrez !

 


Astuce #chaleureuse n° 3 : Adressez-vous à votre élève et donnez-lui des conseils utiles pour évoluer

Souvent les remarques parlent de l'élève comme s'il n'était pas le destinataire du livret ! Avez-vous pensé à des solutions, plutôt que de juste constater les échecs ou difficultés ? Car en la matière, votre élève le sait depuis longtemps ! Il s'est senti mal à l'aise en cours, puis dépassé lors de ses révisions et complètement largué en évaluation. Bien sûr que sa note lui a clairement fait disparaître toute illusion sur un éventuel miracle et sa moyenne a fini de mettre le clou... Alors lui signifier encore qu'il n'a pas réussi et qu'il n'est pas au niveau attendu, non seulement c'est décourant mais en plus c'est aussi utile qu'un dépanneur qui arrive suite à votre appel et vous dit que votre voiture est en panne ! Vous, vous voulez plutôt savoir s'il peut la dépanner sur place ou s'il faut qu'il l'emmène, où et pour combien de temps, non ? Alors avant de valider vos appréciations, une petite relecture pour vérifier que vous communiquez des informations utiles à votre élève, c'est une bonne astuce pour éviter le : 

si j'ai besoin de rien j'vous appelle !

 

Astuce #soutenante n°4 : Proposez une, deux, maximum trois pistes à explorer... pour commencer

1,2,3... Soleil ! Et oui, c'est pareil ! Au bout de 3, le chemin de votre élève s'éclairera et il avancera vers vous, parce que ces préconisations seront bien dosées, à sa portée et pas trop nombreuses ou écrasantes, donc motivantes. Comment je le sais ? Parce que j'ai eu la chance de rencontrer des conseillers pédagogiques qui "m'ont fait l'coup" ! et qu'est-ce que ça m'a fait prendre confiance en moi ! Qu'est-ce que ça m'a emmenée loin ! Pourtant, quand on débute, on a forcément tout à apprendre, donc tout faux, ou pas loin ! Alors non, pointer tout ce qui n'est pas en place n'est pas une technique de motivation efficace. (Mais ça, au fond, je crois que vous le savez déjà !) En revanche, tirer 3 fils de la pelotes et donner à votre élève la responsabilité de progresser dans ces 3 directions est un acte très formateur.

 

Et puis bien sûr il y a les propositions que vous trouvez dans l'illustration, pour vous donner des formulations concrètes.

Et les vôtres ? maintenant que vous vous sentez droit·e dans vos bottes avec vos valeurs, l'institution, vos élèves et leurs parents et bien sûr Catherine wink, qu'avez-vous envie d'écrire comme appréciation ? Et qu'est-ce que vous n'écrirez plus ? Partagez-en quelques-unes dans les commentaires, qu'on se donne des idées !  Et merci pour les enfants... et l'image d'eux-mêmes qu'ils vont développer grâce à vos conseils et encouragements.

 

Sara Joban

fondatrice de la Mudita Academy©