Profs : Gestion de classe, elle est où la rigueur exactement ?

S'il y a bien un domaine où il y a de quoi perdre son latin, c'est la gestion de la classe ! Et est-ce que vous avez remarqué comment certain·e·s (qui n'y ont bien sûr jamais été confronté·e·s, même pas en ZEP), ont toutes les solutions et des avis tout prêts à vous servir sur la question ! Ca agace non ?... Bah quand on évolue au niveau de sa carrière, on devient plus philosophe, disons, on ne le prend pas (trop longtemps wink) personnellement et on écoute les certitudes et douces illusions dont nos interlocuteurs se bercent à voix haute comme pour mieux s'en convaincre (accords toltèques et oreilles internes girafe en application ! )

 

Cette illustration m'a été inspirée par un échange avec une prof sur facebook, qui se voyait reprocher par son remplaçant de ne pas tenir sa classe. - Elle avait mis en place des placements flexibles (flexible seating) et des plans de travail. - Bon bien sûr, les mômes en avaient profité pour se mettre avec leurs copains et revisiter les règles en place en la présence du remplaçant ! Au-delà du déni de responsabilité, se pose pour moi, la question de la rigueur...

C'est souvent au nom de cette fameuse "rigueur" qu'il m'a été reproché de tenter de mettre en place de nouvelles formes d'organisation du travail ou d'aménagment de l'espace (non, je ne parlerai pas d'innovations pédagogiques, dans la mesure où reprendre les travaux de Célestin Freinet de 1927 par exemple, ne m'apparait pas relever du champ de l'innovation !). Et pendant longtemps, ces critiques sur les libertés que j'accordais à mes élèves ont été assimilés par des collègues comme une mauvaise gestion de ma classe, un manque de rigueur ou d'autorité et m'ont touchée, fait douter de moi...

J'ai alors encore plus creusé mes sources scientifiques pour être sûr de prendre des décisions fondées, puis j'ai fini par me rendre compte (merci la CNV !) que l'autre ne faisait que parler de ses propres limites et perceptions, avec pour le coup aucune rigueur ! En acceptant que les élèves soient assis dans des positions absolument décriées par les ergonomes pendant des durées dénoncées par les chronobiologistes et avec des méthodes d'apprentissage scientifiquement démolies depuis une vingtaine d'années par les neuroscientiques... ces collègues ne faisaient pas preuve de rigueur, mais de conservatisme. Sans compter ceux·celles qui finissaient par adopter les mêmes approches que vous quelques années plus tard, pour en vanter les mérites et le bon sens (véridique ! )

Alors merci à cette collègue pour cet échange léger autour d'une petite illustration, qui rappelle que l'on n'est que l'écran de projections des doutes de l'autre. Et combien la peur d'être différent ou décrié peut nous destabiliser, même quand on propose un travail sérieux.

Et merci à tous ceux·celles qui auront le courage de défier les critiques pour apporter à nos enfants, les conditions de travail qui correspondent aux lois naturelles de l'apprentissage. Chacun des profs qui l'a fait pour moi ou pour mes enfants a planté des graines merveilleuses et sachant combien c'est difficile de ne pas aller dans le même sens que la majorité (même quand elle officie avec peu de rigueur) ces graines de courage ont d'autant plus de valeur !

 

Sara Joban

Fondatrice de la Mudita Academy©