Longtemps, j’ai cru que je n’avais pas la « main verte », comme on dit, car avec moi, les plantes mourraient rapidement. Soit je les oubliais complètement, soit (et c’est ce qui était le plus frustrant et décourageant pour moi ! ), même quand j’en prenais soin, en veillant bien à ce que la terre soit humide mais pas trop, les jolies plantes que l’on m’offrait se fanaient invariablement ! Bien sûr, j’avais honte de dire à ceux qui m’avaient fait ce beau cadeau, qu’il était parti rejoindre la terre mère plus tôt que prévu… Et j’avais renoncé à m’acheter des fleurs en pot, persuadée que j’étais une catastrophe ambulante.

Jusqu’au jour où… une amie m’a expliqué qu’il fallait absolument rempoter toutes les plantes car le petit pot dans lequel elles étaient vendues était trop étroit pour contenir toutes leurs racines en expansion et que sinon, immanquablement, les plantes étouffaient dans leur pot provisoire arrivé à date de péremption.

Je possédais alors enfin le secret des Dieux !

Je pouvais fleurir mon balcon ou mon salon avec d’autant plus de joie que ma pseudo-malédiction était levée !

Une fois la joie passée, je me suis arrêtée quelques instants pour être en colère…

… contre tous ces fleuristes à qui j’avais pourtant posé des questions pour savoir commententretenir les fleurs. Mais cette information devait leur paraitre tellement évidente qu’ils n’avaient pas pensé à me donner les ingrédients de base. On pourrait pensr, de façon un peu plus cynique que certains ont fait exprès de taire cette information vitale aux plantes afin de s’assurer un retour régulier à la boutique. Mais franchement, je ne pense pas que ça soit le cas, d’autant plus que je suis bien meilleure cliente maintenant que j’ai la main verte !

Tout ça pour dire que dans n’importe quel domaine, il suffit qu’on ignore une seule information fondamentale de base pour que l’entreprise échoue inlassablement. Les évidences des uns constituent les montagnes des autres…

Dans la scolarité, c’est pareil. Quelques ingrédients fondamentaux permettent de cultiver la réussite, s’il en manque un ou plusieurs, l’enfant et ses parents se retrouvent dans une spirale décourageante de difficulté scolaire voire d’échec.

Ainsi, ce qui m’intéresse le plus dans mon métier, c’est de faire en sorte que les élèves eux-mêmes aient la « main verte » pour faire fleurir leurs apprentissages et construire la confiance dans leur capacité à faire de leur vie un jardin extraordinaire.

Sara Joban